beauté du style, la question est examinée sous toutes les faces possibles. Il fait de l’observance de ce commandement un devoir pour tout chrétien qui croit à la Bible comme en une révélation divine. Il passe en revue toutes les objections habituelles, aussi bien celles qui sont tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament — comme, par exemple, l’expulsion des marchands du Temple — que celles indépendantes de l’Écriture, et il les réfute victorieusement en montrant la sagesse pratique de la non-résistance. Ainsi, tout un chapitre de son ouvrage est consacré à l’examen de cas spéciaux. Il reconnaît qu’un seul cas où la non-résistance au mal ne pourrait être admise suffirait pour prouver la fausseté de cette règle. Mais, en examinant ces occasions exceptionnelles, il démontre que c’est alors précisément qu’il est utile et sage de se conformer à ce précepte. Je dis tout cela pour bien montrer l’intérêt évident que ces travaux présentent aux chrétiens. Il semble qu’ils devraient connaître la mission de Ballou et en avoir admis ou réfuté les principes. Il n’en est rien.
Plus encore que mes rapports avec les quakers, l’œuvre de Harrison père, la société de la non-résistance qu’il a fondée, et sa déclaration, m’ont prouvé que depuis longtemps a été constatée la dérogation du christianisme d’état à la loi du Christ sur la question de la non-résistance au mal par la violence, et que beaucoup de personnes ont travaillé et travaillent encore à en démontrer l’évidence. Ballou m’a confirmé davantage encore dans cette opinion. Mais la destinée de Harrison, et surtout celle de Ballou, ignoré de tous malgré cinquante ans de travail opiniâtre et incessant, m’ont donné la conviction qu’il existe une sorte de conspiration du silence, tacite, mais formelle, contre toutes ces tentatives.
Ballou est mort en août 1890, et un journal américain,