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les forteresses, les casernes, les palais, les églises demeureront vides, et les gibets, les fusils, les canons sans emploi, n’est plus une utopie, mais une nouvelle forme de la vie vers laquelle s’avance l’humanité avec une rapidité de plus en plus grande.

Mais quand cela arrivera-t-il ?

Il y a dix-huit cents ans, le Christ a répondu à cette question que la fin du siècle actuel, c’est-à-dire de l’organisation païenne, arrivera lorsque les calamités humaines se seront multipliées et que la nouvelle heureuse de la venue du royaume de Dieu, c’est-à-dire la possibilité d’une nouvelle organisation de la vie non basée sur la violence, sera prêchée sur toute la terre. (Saint Mathieu, XXIV, 3-28.)

« Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît, seul mon Père les connaît (Saint Mathieu, XXIV, 36), dit le Christ. Car il peut arriver toujours à chaque instant et quand nous l’attendrons le moins. »

Quand cette heure arrivera-t-elle ? Le Christ dit que nous ne pouvons pas le savoir. Nous devons donc toujours être prêts à sa venue, comme doit veiller celui qui garde sa maison des voleurs, comme doivent veiller les vierges qui attendent avec leurs lampes le fiancé, et, de plus, nous devons travailler de toutes nos forces pour avancer cette heure, comme devaient travailler les serviteurs pour faire fructifier les talents qu’ils avaient reçus. (Saint Mathieu, XXIV, 43 ; XXVI, 13-14-30.)

Et il ne peut pas y avoir d’autre réponse. Savoir quand viendra le royaume de Dieu, les hommes ne le peuvent pas, car cette heure ne dépend de personne autre que des hommes eux-mêmes.

La réponse est comme celle de ce sage à qui un passant demandait s’il en avait pour longtemps avant d’arriver à la ville et qui répondit : Marche !