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CHAPITRE X

inutilité de la violence gouvernementale pour supprimer le mal. — le progrès moral de l’humanité s’accomplit non seulement par la connaissance de la vérité, mais encore par l’établissement de l’opinion publique.

Le christianisme dans sa véritable signification détruit l’état. C’est ainsi qu’il fut compris dès le début et c’est pourquoi le Christ a été crucifié. Il a été compris ainsi de tout temps par les hommes que ne liait pas la nécessité de justifier l’état chrétien. Ce n’est qu’à partir du moment où les chefs d’état ont accepté le christianisme nominal extérieur qu’on a commencé à inventer les théories subtiles d’après lesquelles on peut concilier le christianisme avec l’état. Mais, pour tout homme sincère de notre époque, il ne peut pas ne pas être évident que le véritable christianisme — la doctrine de la résignation, du pardon, de l’amour — ne peut pas se concilier avec l’état, avec son despotisme, sa violence, sa justice cruelle et ses guerres. Non seulement le véritable christianisme ne permet pas de reconnaître l’état, mais il en détruit les principes mêmes.

Mais, s’il en est ainsi, s’il est vrai que le christianisme est inconciliable avec l’état, une question se pose tout naturellement : Qu’est-ce qui est plus nécessaire pour le bien de l’humanité, qu’est-ce qui lui assure le plus de bonheur ? Est-ce l’organisation gouvernementale ou le christianisme ?