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vernement. Je ne veux pas admettre cette folle conception de la non-résistance au mal ; je ne puis renoncer à ma part d’influence, et abandonner le pouvoir aux seuls hommes immoraux. La constitution dit : Le gouvernement a le droit de déclarer la guerre, — et j’en conviens, et j’approuve, et je jure d’y aider, et je ne cesse pas cependant d’être chrétien !

« La guerre aussi est un devoir chrétien ! N’est-ce pas faire œuvre de chrétien que de tuer des centaines de mille de ses semblables, de violer les femmes, de ruiner et de brûler les villes, et de commettre toutes sortes de cruautés ?

« Il est temps d’abandonner toute cette sentimentalité puérile. C’est le vrai moyen de pardonner les offenses et d’aimer nos ennemis. Pourvu que nous les fassions au nom de l’amour, rien n’est plus chrétien que ces carnages. »

Dans une autre brochure intitulée : Combien il faut d’hommes pour transformer un crime en une œuvre juste, il dit : « Un seul homme ne doit pas tuer : s’il a tué, c’est un criminel, un meurtrier. Deux, dix, cent hommes, s’ils tuent, sont encore des meurtriers. Mais l’état ou le peuple peut tuer tant qu’il veut, et ce ne sera pas un meurtre, mais une action glorieuse. Il s’agit seulement de réunir le plus de monde possible, et la tuerie de dizaines de milliers d’hommes devient une occupation innocente. Et combien faut-il d’hommes pour cela ? Voilà la question. Un individu ne peut pas voler, dévaliser, mais tout un peuple le peut.

Pourquoi un, dix, cent hommes ne doivent-ils pas enfreindre les lois de Dieu, tandis que beaucoup le peuvent ? »

Voici à présent le catéchisme de Ballou composé pour ses fidèles :