réorganisation sociale, croient que le salut arrivera lorsque, à la suite d’une révolution, les hommes seront obligés de vivre sous le régime de la communauté des biens, de l’absence de tout gouvernement, du travail collectif et non individuel, c’est-à-dire lorsqu’on aura réalisé un des côtés de la doctrine chrétienne. D’une façon ou d’une autre, tous les hommes de notre époque non seulement reconnaissent dans leur for intérieur l’insuffisance de l’ordre de choses actuel qui touche à sa fin, mais encore reconnaissent, souvent sans s’en douter et tout en se considérant comme adversaires du christianisme, que le salut n’est que dans l’application dans la vie de la doctrine chrétienne ou d’une partie de la doctrine dans sa véritable signification.
Le christianisme, comme l’a dit son fondateur, n’a pas pu se réaliser d’un coup pour la majorité, mais a dû croître lentement, comme un grand arbre sorti d’une petite graine. Et c’est ainsi qu’il a grandi et s’est développé jusqu’à ce jour, si ce n’est dans la réalité extérieure, du moins dans la conscience des hommes.
Aujourd’hui ce n’est plus seulement la minorité, celle qui a toujours compris la doctrine, qui en reconnaît la signification véritable, mais même toute la grande majorité, si loin du christianisme en apparence par sa vie sociale.
Voyez les mœurs des individus pris à part ; écoutez leur appréciation des faits, leur jugement sur les uns et les autres ; écoutez aussi les sermons et les discours publics, les enseignements que les parents et les éducateurs donnent à la jeunesse, et vous verrez que, si loin que soient les hommes, par leur vie sociale basée sur la violence, de la réalisation des vérités chrétiennes, dans la vie privée, ce qui est considéré comme bon, par tous sans exception, ce sont seulement les vertus chrétiennes,