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més. En outre, tous les gouvernements sans exception cachent au peuple ce qui peut l’affranchir, et encouragent tout ce qui peut le corrompre, comme la littérature, qui maintient le peuple dans la barbarie des superstitions religieuses et patriotiques, les plaisirs sensuels : spectacles, cirques, théâtres, et comme aussi les moyens matériels d’abrutissement tels que le tabac, l’alcool, qui sont la principale source des recettes de l’état. La prostitution elle-même est encouragée, car non seulement elle est reconnue, mais même organisée par la plupart des gouvernements.

Le quatrième moyen consiste à choisir parmi tous les hommes liés et abrutis à l’aide des trois moyens précédents, un certain nombre d’individus pour en faire les instruments passifs de toutes les cruautés nécessaires au gouvernement. On arrive à les abrutir et à les rendre plus féroces encore en les choisissant parmi les adolescents lorsqu’ils n’ont pu se former encore une conception nette de la moralité, et en les isolant de toutes les conditions naturelles de la vie : le toit paternel, la famille, la ville natale, le travail utile. On les enferme ensemble dans des casernes, on les revêt d’habits particuliers, on les oblige par des cris, des tambours, de la musique, des objets miroitants, à faire journellement des exercices corporels inventés à cet effet, et on les amène par ces moyens à un état d’hypnotisme tel qu’ils cessent d’être des hommes et deviennent des machines sans raisonnement dociles à l’hypnotiseur. Ce sont ces hommes, jeunes et forts (aujourd’hui tous les jeunes gens grâce au service universel), qui, hypnotisés, armés et prêts à l’assassinat au premier ordre du gouvernement, constituent le quatrième et principal moyen d’oppression.

Par ce moyen, se ferme le cercle de la violence.

L’intimidation, la corruption, l’hypnotisation font des