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sont peut-être les plus sûrs garants de cette paix que nous aimons tous.

« On ne donne la paix qu’aux résolus et aux forts.

« Croyez, cher monsieur, à mes plus sincères et distingués sentiments.

« Jules Claretie. »


Le sens de cette lettre est que rien n’empêche de parler de ce que personne n’a l’intention ni le devoir de faire. Mais, dès qu’il s’agit de la pratique, il faut se battre.

Voici maintenant l’opinion récemment exprimée sur ce sujet par le plus populaire romancier d’Europe, Émile Zola[1] :

« Je considère la guerre comme une nécessité fatale qui paraît inévitable à cause de ses liens intimes avec la nature humaine et l’univers entier. Je voudrais reculer la guerre aussi longtemps que possible. Néanmoins il arrive un moment où nous sommes obligés de nous battre. Je me mets en ce moment au point de vue universel, et je ne fais aucunement allusion à notre désaccord avec l’Allemagne, qui n’est qu’un incident insignifiant dans l’histoire de l’humanité. J’ai dit que la guerre est nécessaire et utile, car elle apparaît comme une condition d’existence de l’humanité. Nous rencontrons la guerre partout, non seulement chez les diverses races et les divers peuples, mais encore dans la vie de famille et dans la vie privée. Elle est un des éléments principaux du progrès, et chaque pas en avant fait jusqu’ici par l’humanité a été fait dans le sang.

  1. Cet extrait est traduit de la version russe d’un interview publié par un journal français.