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À cette catégorie appartient Moltke, dont l’opinion a été citée par Maupassant, ainsi que la majorité des militaires élevés dans cette superstition cruelle, qui en vivent, et sont souvent naïvement convaincus que la guerre est une institution non seulement inévitable, mais nécessaire, utile.

C’est encore l’opinion de quelques civils soi-disant savants et policés.

Voici ce qu’écrit, dans le numéro de la Revue des Revues, où sont réunies les lettres sur la guerre, le célèbre académicien Camille Doucet :


« Cher Monsieur,

« Quand vous demandez au moins belliqueux des académiciens s’il est partisan de la guerre, sa réponse est faite d’avance.

« Malheureusement, monsieur, vous qualifiez vous-même de rêve la pensée pacifique dont s’inspirent aujourd’hui vos généreux compatriotes.

« Depuis que je suis de ce monde, j’ai toujours entendu beaucoup d’honnêtes gens protester contre cette affreuse habitude de tuerie internationale dont le monde reconnaît le mal et le déplore ; mais comment y remédier ?

« Très souvent aussi on a tenté de supprimer le duel, cela semblait être facile ; eh bien, non ! tout ce qu’on a fait encore dans ce noble but n’a jamais servi et ne servira jamais à rien.

« Tous les congrès des deux mondes auront beau voter contre la guerre et aussi contre le duel, au-dessus de toutes les arbitrations, de toutes les conventions, de toutes les législations, il y aura éternellement :

« L’honneur des hommes, qui toujours a voulu le duel ;