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« Le tribunal d’arbitrage ! L’arbitrage remplacera la guerre. Les questions seront résolues par l’arbitrage. La question de l’Alabama a été résolue par un tribunal d’arbitrage ; celle des îles Carolines a été soumise à l’arbitrage du pape. La Suisse, la Belgique, le Danemark, la Hollande ont tous déclaré préférer l’arbitrage à la guerre. »

Je crois bien que Monaco a aussi exprimé le même désir. Il n’y a qu’une petite chose qui manque, c’est que ni l’Allemagne, ni la Russie, ni l’Autriche, ni la France n’ont fait jusqu’à présent la même déclaration.

Comme les hommes se bernent facilement eux-mêmes quand ils y ont intérêt !

Les gouvernements consentiront à résoudre leurs désaccords par l’arbitrage et à licencier leurs armées.

Les différends entre la Russie et la Pologne, l’Angleterre et l’Irlande, l’Autriche et la Bohème, la Turquie et les Slaves, la France et l’Allemagne seront aplanis par conciliation, à l’amiable.

C’est absolument comme si on proposait aux négociants et aux banquiers de ne rien vendre au-dessus du prix d’achat, de s’occuper sans bénéfices de la distribution des richesses et de supprimer l’argent, devenu inutile.

Mais, comme le commerce et les opérations de banque consistent uniquement à vendre plus cher que le prix d’achat, cette proposition équivaudrait à une invitation à se suicider. De même en ce qui concerne les gouvernements. La proposition de ne pas employer la force, mais de régler leurs malentendus avec justice, est un conseil de suicide. Il est peu probable qu’ils y consentent.

Les savants se réunissent en sociétés (il y en a de cette sorte plus de cent), en congrès (il y en avait récemment à Paris, à Londres et à Rouen) ; ils prononcent des