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quelque chose d’occasionnel produit par la situation politique de l’Europe, et susceptible d’être amélioré sans changements dans l’ordre intérieur de la vie des peuples, mais par de simples mesures extérieures, internationales et diplomatiques ; les autres regardent ce phénomène comme quelque chose de terrible et d’atroce, mais aussi inévitable et aussi fatal que la maladie ou la mort ; les troisièmes considèrent la guerre avec tranquillité et sang-froid, comme un phénomène nécessaire, bienfaisant et, par conséquent, désirable.

Les hommes traitent ce sujet différemment, mais les uns comme les autres parlent de la guerre comme d’un événement qui ne dépend aucunement de la volonté des hommes, qui y participent pourtant, et, par suite, ils n’admettent pas la question qui se présente naturellement à quiconque a son bon sens : est-ce que, moi, je dois y prendre part ? À leur avis, ce genre de questions n’existe même pas, et tout homme, quelle que soit son opinion personnelle sur la guerre, doit servilement se soumettre aux exigences du pouvoir.

L’attitude des premiers, de ceux qui croient à la possibilité d’éviter la guerre par des mesures internationales et diplomatiques, se montre fort bien dans les résolutions du dernier Congrès universel de la paix, à Londres, et dans les articles et les lettres écrits sur la guerre par des écrivains célèbres et réunis dans le numéro 8 de la Revue des Revues, 1891. Voici les résultats du Congrès : Ayant réuni de tous les points du globe les opinions verbales ou écrites des savants, le Congrès, dans ses travaux, commencés par un office religieux à la cathédrale et terminés par un banquet suivi de divers toasts, a entendu pendant cinq jours de nombreux discours, et est arrivé aux résolutions suivantes :

Résolution 1. Le Congrès affirme que la frater-