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CHAPITRE VI

LES HOMMES DE NOTRE MONDE ET LA GUERRE

La solution des contradictions entre la vie et la conscience est possible par deux voies. Changer la vie ou changer la conscience. Et il semblerait qu’il ne peut y avoir de doute sur le choix.

L’homme peut cesser de faire ce qu’il croit mauvais, mais il ne peut pas cesser de trouver mauvais ce qui est mauvais.

De même toute l’humanité peut cesser de faire ce qu’elle considère comme mauvais, mais elle ne peut, non seulement changer, mais même arrêter pour un temps le progrès de la conscience, chaque jour plus nette et plus répandue, de ce qui est mauvais, et, par suite, ne doit pas exister. C’est pourquoi, pour l’humanité chrétienne de notre époque, semblerait inévitable la nécessité de renier les formes païennes qu’elle condamne, et de prendre pour base de sa vie les principes chrétiens qu’elle reconnaît.

Il en serait ainsi s’il n’y avait pas la loi d’inertie, aussi immuable dans la vie des hommes et des peuples que dans les objets inanimés, et qui s’exprime pour les hommes par la loi psychologique si bien formulée en ces paroles de l’Évangile : « Et ils n’ont pas marché vers la lumière parce que leurs actions étaient mauvaises. Cette loi consiste en ce que la majorité des hommes pensent, non pas en vue de connaître la vérité, mais