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termes de ce dilemme : ou bien le christianisme n’a pas réussi (is a failure), ou bien ceux qui se sont donné la mission de l’interpréter l’ont mal compris. Tant que nos cuirassés ne seront pas désarmés et nos armées licenciées, nous n’aurons pas le droit de nous appeler une nation chrétienne. »

Dans un entretien au sujet de l’obligation pour les pasteurs chrétiens de la propagande contre la guerre, M. G.-D. Bartlett a dit entre autres choses : « Si je comprends tant soit peu les saintes Écritures, j’affirme que les hommes ne font que jouer au christianisme en ne tenant pas compte de la guerre. Cependant, durant toute ma longue existence, c’est à peine si j’ai entendu une demi-douzaine de fois nos pasteurs prêcher la paix universelle. J’ai dit, il y a vingt ans, que la guerre est inconciliable avec le christianisme. On m’a regardé comme un fanatique insensé. L’idée qu’on peut vivre sans la guerre a été accueillie comme une faiblesse impardonnable, une folie. »

Le prêtre catholique Defourny s’est exprimé dans le même sens. « Un des premiers préceptes de la loi éternelle, brillant dans la conscience des hommes, est celui qui défend d’ôter la vie à son semblable, de verser le sang humain sans juste cause ou sans y être contraint par la nécessité. C’est un de ceux qui sont gravés le plus profondément dans le cœur de l’homme… Mais s’il s’agit de la guerre, c’est-à-dire de l’effusion du sang humain par torrents, les hommes d’à présent ne s’inquiètent plus de la juste cause. Ceux qui y prennent part ne songent plus à se demander si ces meurtres innombrables sont justifiés ou non, c’est-à-dire si les guerres, ou ce qu’on appelle de ce nom, sont justes ou iniques, légales ou illégales, licites ou criminelles ; si