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cette question en France, il ajoute : « Nous croyons que, cent ans après la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, le temps est venu de reconnaître les droits des nations et de renoncer pour toujours à toutes ces entreprises de mensonge et de violence qui, sous le nom de conquêtes, sont de véritables crimes de lèse-humanité et qui, malgré ce qu’en pensent l’ambition des souverains et l’orgueil des peuples, affaiblissent même ceux qui triomphent. »

« L’éducation religieuse de notre pays me surprend, a dit sir Wilfred Landon au même congrès. Le garçon va à l’école du dimanche, et on lui dit : « Cher enfant, tu dois aimer tes ennemis. Si un camarade te frappe, tu ne dois pas te venger, mais chercher par la douceur à l’amener à de meilleurs sentiments. » C’est bien. Le garçon fréquente l’école du dimanche jusqu’à 14 ou 15 ans ; puis ses amis le font entrer dans l’armée. Qu’y fera-t-il ? Il doit non pas aimer l’ennemi, mais au contraire le percer de sa baïonnette aussitôt qu’il se trouvera en face de lui. Telle est l’instruction religieuse dans ce pays. Je ne crois pas que ce soit la meilleure manière d’obéir aux commandements de la religion. Je crois que s’il est bon pour un jeune garçon d’aimer son ennemi, cela est également bon pour un adulte… »

« Il y a en Europe, dit M. F. Wilson, 28 millions de gens armés pour résoudre les questions non par la discussion, mais par le meurtre. Tel est le moyen de discuter en usage chez les nations chrétiennes. Ce moyen est en même temps fort coûteux, car, d’après les statistiques que j’ai consultées, les nations de l’Europe ont dépensé depuis 1872 la somme incroyable de 60 milliards en vue de préparer la solution des questions au moyen de l’entr’égorgement. Il me semble donc que dans cet ordre d’idées on doit accepter l’un des deux