vie spirituelle, de sorte que toute pensée généreuse, féconde, naissant à un bout du monde, se communique aussitôt à toute l’humanité chrétienne et provoque partout le même sentiment de joie et de fierté en dépit des nationalités ; nous qui aimons le penseur, le philanthrope, le poète, le savant étranger, nous qui sommes fiers de l’exploit de Damiens comme s’il était nôtre ; nous qui aimons simplement les étrangers, les Français, les Allemands, les Américains, les Anglais ; nous qui estimons leurs qualités, qui sommes heureux de les rencontrer, qui les accueillons avec plaisir, qui non seulement ne pouvons pas considérer comme un acte héroïque la guerre contre eux, mais qui même ne pouvons pas penser sans terreur qu’un désaccord aussi grave puisse éclater entre eux et nous, nous sommes tous appelés à participer à la tuerie qui doit s’accomplir inévitablement sinon aujourd’hui, demain.
On comprend que les Juifs, les Grecs, les Romains aient défendu leur indépendance par l’assassinat, et par l’assassinat soumis les autres peuples, parce que chacun d’eux croyait fermement être le seul peuple élu, bon, aimé de Dieu, tandis que les autres n’étaient que des philistins ou des barbares. Les hommes du moyen âge, et même ceux de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci, pouvaient encore avoir la même croyance. Mais nous, malgré toutes les excitations, nous ne pouvons plus l’avoir. Et cette contradiction est si terrible à notre époque, qu’il nous est impossible de vivre sans y trouver une solution.
« Nos temps sont riches en contradictions de toutes sortes, écrit dans son savant Mémoire le professeur de droit international, comte Komarovsky ; la presse de tous les pays nous parle sur tous les tons de la nécessité de la paix pour les peuples, et la désire ardemment. Les