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Le premier malentendu relatif à l’impossibilité de pratiquer la doctrine chrétienne vient de ce que les hommes de la conception sociale de la vie, ne comprenant pas le motif qui guide les partisans de la doctrine chrétienne, et considérant l’indication de la perfection comme une règle de la vie, pensent et disent qu’il est impossible de suivre la doctrine du Christ parce que l’exécution complète des exigences de cette doctrine détruirait la vie. « Si un homme accomplissait ce que prêche le Christ, il détruirait sa vie ; et si tous les hommes l’accomplissaient, toute l’espèce humaine cesserait d’exister, » disent-ils.

« Ne te soucie pas du lendemain, de ce que tu mangeras, de ce que tu boiras et de la manière dont tu t’habilleras, » dit le Christ. « Sans défendre sa vie, sans résister au mal par la violence, en donnant sa vie pour son prochain et en observant la chasteté absolue, l’homme et l’humanité ne pourraient pas exister, » pensent-ils et disent-ils.

Et ils ont absolument raison s’ils considèrent les indications de perfection données par la doctrine du Christ comme des règles que chacun doit observer, de même que dans la doctrine sociale chacun doit observer les règles de payement d’impôts, de participation à la justice, etc.

Le malentendu consiste précisément en ce que la doctrine du Christ dirige les hommes par un autre moyen que les doctrines basées sur la conception de la vie inférieure. Les doctrines sociales dirigent seulement par des règles et des lois auxquelles il faut se soumettre exactement. La doctrine du Christ guide les hommes en leur montrant cette perfection infinie du Père céleste, perfection vers laquelle tout homme peut tendre librement, à quelque degré d’imperfection qu’il se trouve.

Le malentendu des hommes qui jugent la doctrine