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de la doctrine évangélique, tout ce qui transforme aujourd’hui le monde sous le souffle du socialisme et du communisme, tout cela est une exagération qui ne mérite pas qu’on en parle.

Les hommes instruits pendant dix-huit siècles dans le christianisme se sont convaincus, en la personne de leurs représentants autorisés, les savants, que la doctrine chrétienne est une doctrine de dogmes. Quant à son application pratique, c’est un malentendu, une exagération qui compromet les véritables et légitimes exigences de la morale humaine ; et cette doctrine de justice qu’a repoussée le Christ et qu’il a remplacée par la sienne propre nous satisfait bien mieux.

Le précepte de la non-résistance au mal par la violence semble aux savants une exagération et même un non-sens. Il vaut mieux le rejeter, pensent-ils, sans s’apercevoir qu’ils ne discutent pas la doctrine du Christ, mais bien ce qu’ils croient être la doctrine du Christ.

Ils ne remarquent pas que dire que le précepte de la non-résistance au mal par la violence est une exagération de la doctrine du Christ équivaut à dire que, dans la définition du cercle, l’affirmation de l’égalité des rayons est une exagération. Ils font ce que ferait un homme qui, n’ayant aucune notion de ce qu’est le cercle, affirmerait qu’il est exagéré de dire que tous les points de la circonférence sont également éloignés du centre. Conseiller de rejeter ou de tempérer l’axiome de l’égalité des rayons du cercle, c’est ne pas comprendre ce qu’est le cercle. Conseiller de rejeter ou de tempérer, dans la doctrine du Christ, le précepte de la non-résistance au mal par la violence, c’est ne pas comprendre la doctrine.

Et ceux qui le font ne la comprennent réellement pas. Ils ne comprennent pas que cette doctrine est la mise