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velé, mais bien un phénomène propre à la vie humaine et absolument naturel à l’humanité aujourd’hui encore, comme en tout autre temps. En second lieu, la religion étant toujours la définition de l’action dans l’avenir et non dans le passé, il est évident que l’étude des phénomènes passés ne peut, en aucun cas, embrasser tout le sens de la religion.

L’essence de toute doctrine religieuse n’est pas dans le désir d’une expression symbolique des forces de la nature, ni dans la terreur qu’inspirent ces forces, ni dans un besoin du merveilleux, ni dans les formes extérieures où elle se manifeste, comme le croient les hommes de la science.

L’essence de la religion est dans la faculté qu’ont les hommes de prophétiser et d’indiquer la voie que doit suivre l’humanité dans une direction autre que celle suivie anciennement, et d’où résulte une tout autre action de l’humanité dans l’avenir.

Cette faculté de prévoir la voie de l’humanité est propre plus ou moins à tous les hommes, mais toujours, dans tous les temps, il y a eu des hommes chez lesquels elle s’est manifestée avec une force particulière, et qui, exprimant nettement et exactement ce que sentaient vaguement tous les hommes, établissaient une nouvelle conception de la vie, d’où résultait une nouvelle action pour plusieurs siècles ou milliers d’années.

Nous connaissons trois de ces conceptions de la vie. Deux sont déjà passées par l’humanité, et nous traversons aujourd’hui la troisième dans le christianisme. Ces conceptions sont au nombre de trois, et seulement au nombre de trois, non pas parce que nous en avons arbitrairement réuni plusieurs, mais parce que les actes de tous les hommes ont toujours à leur principe une de ces trois conceptions de vie, et que