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vieux est malade, épuisé par l’âge, et je suis toujours seule à travailler. Une pierre n’y résisterait pas. Si au moins j’en mourais, ce serait fini… Il m’a laissée, ce vaurien… Ah ! notre père, je suis à bout de forces ; ma bru est tombée à la peine…

— Comment, tombée ? demanda Nekhlioudov d’un air méfiant.

— Oui, à la suite d’un effort, notre nourricier… Dieu m’est témoin que je dis la vérité, poursuivit-elle en changeant de ton.

— Son irritation était tombée et faisait place à une plainte dolente.

— C’était une bonne baba, fraîche et jeune. Quand elle était chez son père, elle était bien soignée et ne connaissait pas le besoin. Mais, chez nous, elle devait travailler à la corvée, et à la maison, et partout. Elle et moi étions les seuls travailleurs dans le ménage. Moi, cela ne fait rien, j’y suis habituée ; mais elle