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sa joue sur son poing droit et, de sa main gauche soutenant son coude droit, interrompit le barine d’une voix bruyante et sèche qui emplissait l’izba, si bien que, du dehors, on aurait pu croire que plusieurs babas y criaient à la fois.

— Quoi ! mon petit père ! Tu raisonnes avec lui ! C’est inutile… Il ne sait même pas parler comme un homme… Vois, il se tient comme un idiot, fit-elle en montrant au barine le personnage massif et piteux de Davidka. Mon ménage ! Mon petit père, Votre excellence, mais nous n’avons rien. Il n’y a pas plus pauvre que nous dans tout le village… Nous ne pouvons rien faire, ni pour nous ni pour le barine… C’est une honte !… Et tout cela par sa faute. Nous l’avons mis au monde et nous l’avons nourri, nous étions impatients de le voir grandir et devenir un homme, et le voilà, le désiré… Il