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enfin qu’il avait le barine devant lui ; il joignit les mains sur son ventre, baissa la tête en la penchant un peu et ne bougea pas. L’expression de son visage et son attitude semblaient dire : « Je sais, je sais. Ce n’est pas la première fois que j’entends cela… Eh bien ! battez-moi donc, si cela est nécessaire, je le supporterai. »

Le moujik semblait désirer que le barine cessât de parler, le battît au plus tôt, le frappât sur la joue, mais le laissât ensuite tranquille.

S’étant aperçu que Davidka ne le comprenait point, Nekhlioudov essaya par plusieurs questions de faire sortir le moujik de ce mutisme qui ne décelait qu’une soumission patiente.

— Pourquoi donc m’as-tu demandé du bois, puisque voilà un grand mois qu’il y en a ici sans que tu t’en sois servi… Eh ?