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ce dont je n’ai, d’ailleurs, jamais douté. Mais dans la vie, mon cher ami, nos qualités nous nuisent plus que nos défauts. Je ne te dirai pas que tu commets une sottise et que ta conduite me chagrine : j’essaierai seulement d’agir sur toi par le raisonnement. Donc, raisonnons, mon ami : Tu me dis que tu te sens du penchant pour la vie rustique, que tu veux faire le bonheur de tes paysans et que tu espères devenir un bon maître. Primo, je dois te dire que nous n’avons conscience de nos penchants que lorsqu’ils nous ont déjà trompés ; secundo, qu’il est plus facile de faire son propre bonheur que de faire celui des autres, et, tertio, que pour être un bon maître, il faut être un homme froid et sévère, et je doute que tu le deviennes jamais, quoi que tu fasses pour cela.

« Tu considères tes arguments comme