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Une maigre jument grise était sous l’avant-toit ; elle dévorait des brins de paille pourrie. Un poulain de deux mois d’une couleur indéfinissable, aux jambes grêles, ne quittait pas la queue mince et sale de sa mère. Au milieu de la cour, un cheval baizain, au ventre trop gros, était là, les yeux clos, la tête basse et songeuse. À première vue, l’animal paraissait un bon cheval de moujik.

— Ce sont là tous tes chevaux ? demanda le barine.

— Non, X’ence. Voilà encore une jument et un poulain, répondit Youkhvanka, en désignant les animaux qui étaient sous l’avant-toit et que, pensait-il, le barine n’avait pu apercevoir.

— Je vois, fit celui-ci. Eh bien, lequel veux-tu vendre !

— Eh ! celui-ci, X’ence, dit le moujik en