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et nous n’aurions jamais osé songer à cela. Il n’aimait pas à laisser faire ses moujiks ; il les tenait ferme. Mais, après votre grand-père, c’est Andréi Iliitch qui nous a gérés. On peut bien dire, sans insulte à sa mémoire, que c’était un ivrogne. La première fois que nous allâmes lui dire : « Nous ne pouvons plus vivre ensemble à cause des babas, permettez-nous de nous séparer », il nous fit fouetter ; la seconde fois, également ; mais à la fin il en fut comme les babas le désiraient, et nous nous séparâmes… On sait ce qu’est un moujik isolé… Puis, il n’y avait pas d’ordre parmi nous. Andréi Iliitch faisait tout ce qui lui passait par la tête. « Tu dois tout avoir », disait-il au moujik. Comment se procurait-on le nécessaire, il ne se le demandait même pas. Cependant, on venait d’augmenter la capitation.[1] Et

  1. Impôt direct payé par le paysan russe.