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une vache ? Les autres en ont, cependant.

— Les autres ont de la terre où l’on peut mettre du fumier. Ma terre, à moi, n’est que de l’argile. Rien n’y fait.

— Eh bien, mets-y du fumier et ce ne sera plus que de l’argile. Ta terre te donnera alors du blé et de quoi nourrir du bétail.

— Mais, puisque je n’ai pas de bétail, quel fumier mettrai-je dans ma terre ?

« L’étrange cercle vicieux », pensait Nekhlioudov, qui ne savait plus que conseiller au moujik.

— Et puis, il faut vous dire, Votre Excellence, que ce n’est pas le fumier seul qui fait pousser le blé… Tout vient de Dieu, continua Tchouricenok. — Ainsi, cet été, j’ai récolté dix meules de blé dans un champ non-fumé, tandis que je n’en ai retiré qu’une d’un autre champ où j’avais mis du fumier… Il n’y a que Dieu, poursuivit-il avec un sou-