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content de parvenir à vivre, mais je n’ai plus assez de forces. Ma vieille est malade, et chaque année elle me donne une fille. Il faut les nourrir toutes. Je suis seul à me démener et nous sommes sept âmes à la maison. Aussi je pèche souvent devant Dieu en pensant : « Si du moins il les rappelait vite à lui ! Ce serait mieux pour moi, et aussi pour elles. Vivre dans cette misère ! »

— Oh ! oh ! oh ! gémit d’un ton aigu la baba, pour appuyer les paroles de son mari.

— Voilà mon seul aide, poursuivit Tchouricenok en désignant un enfant de sept ans, à la tête blonde et au ventre démesurément développé, qui entrait en ce moment dans l’isba, en faisant crier doucement la porte. Attachant ses grands yeux étonnés sur le barine, il s’accrocha à la chemise de son père.

— Voilà mon seul aide, reprit celui-ci