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au milieu de vous pour vous consacrer toute mon existence, prêt à tout perdre pour que vous soyez heureux. Et je vous jure devant Dieu que je tiendrai ma promesse, déclara le jeune pomestchik, ignorant que ces sortes de confessions sont incapables d’éveiller la confiance d’aucun homme, surtout du paysan russe, qui n’aime pas les paroles, mais les actes, et fuit toute expansion de sentiments, si beaux soient-ils ! Mais le candide jeune homme était si heureux de ressentir de tels sentiments qu’il lui était impossible les cacher.

Tchouricenok, la tête penchée, clignotait lentement des yeux, écoutant avec une attention contrainte son barine, car celui-ci était un personnage qu’il fallait écouter, même lorsqu’il disait des choses pas tout à fait bonnes, ce qui, dans tous les cas, ne le regardait nullement, lui, Tchouricenok.