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debout parce qu’on n’y touche pas conclut-il, très satisfait de ses explications.

Nekhlioudov était douloureusement impressionné. Pourquoi Tchouricenok en était-il arrivé là sans s’adresser à lui, à lui, qui, depuis son installation, n’avait jamais rien refusé à ses moujiks et s’était sans cesse préoccupé qu’on s’adressât à lui en cas de besoin ? Il ressentait même une certaine colère contre le moujik. Il haussait les épaules avec impatience, il fronçait les sourcils ; mais l’aspect misérable des choses et le visage paisible et content de Tchouricenok changèrent son dépit en une profonde tristesse.

— Voyons, Ivan, pourquoi ne m’as-tu pas dit cela plus tôt, fit-il d’un ton de reproche.

Il s’assit sur le banc sale et boiteux.

— Je n’ai pas osé, Votre Excellence, répondit Tchouricenok avec son même sou-