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On fait des classifications dans ce chaos éternellement mouvant du bien et du mal entremêlés, on trace des limites imaginaires sur cet océan sans limites et l’on attend que cette mer se divise comme s’il n’y avait pas des millions d’autres classifications à d’autres points de vue et sur d’autres surfaces. Il est vrai que ces classifications sont élaborées par les siècles, mais que de siècles ont passé et combien passeront encore ! La civilisation est un bien, la barbarie est un mal… la liberté est un bien, la captivité est un mal… Et voilà le savoir imaginaire qui fait disparaître le sentiment humain du cœur de l’homme, sentiment inné et instinctif cependant.

Qui me définira la liberté, le despotisme, la civilisation, la barbarie ? Quelles en sont les limites ? Qui possède cette juste mesure du bien et du mal, qui permet de se recon-