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jugement des faits, les raisonnements et les contradictions.

Les hommes s’occupent pendant des siècles à ranger le bien d’un côté et le mal de l’autre. Et, depuis des siècles, quoi que l’esprit impartial jette dans la balance du bien et du mal, son fléau demeure immobile et chaque plateau contient autant de mal que de bien.

Si encore l’homme avait appris à ne point porter de jugements définitifs, au lieu de s’obstiner à ne pas laisser sans réponse les questions qui se posent à lui uniquement pour qu’elles restent éternellement à l’état de questions ! S’il avait seulement compris que toute pensée est à la fois exacte et mensongère ; mensongère parce qu’elle est limitée par l’impossibilité où nous sommes d’embrasser toute la vérité, exacte parce qu’elle exprime une des faces du concept humain !