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imaginer dans un village d’Allemagne, de France et d’Italie, a-t-il pu se produire ici où la civilisation, la liberté et l’égalité sont poussées au plus haut point ; ici où les plus civilisés des nations les plus civilisées se trouvent réunis ?

Pourquoi ces hommes cultivés et humains, capables en général de toute action honnête, n’ont-ils pas eu le sentiment de leur mauvaise action ? Pourquoi ces hommes qui, dans leurs somptueuses demeures, dans leurs meetings, dans leurs nombreuses sociétés, témoignent d’un souci réel du sort des Chinois célibataires aux Indes ou de l’extension du christianisme et de l’instruction en Afrique, fondent sans cesse des sociétés nouvelles pour détruire tous les vices humains, n’ont-ils pas senti s’éveiller dans leur âme un sentiment humain ? L’ont-ils, à ce point, remplacé, ce sentiment, par la vanité