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le bonheur. Cette inconscience des joies poétiques, je la comprends presque, obligé que j’ai été de m’y accoutumer en la rencontrant souvent dans la vie. La cruauté grossière et inconsciente de la foule n’est pas non plus chose nouvelle pour moi. Quoi qu’en disent les apologistes du « bon sens populaire », la foule est une réunion de braves gens liés seulement entre eux par les côtés bas et répugnants qui trahissent la faiblesse et la cruauté de la nature humaine. Mais, comment, vous, enfants d’une nation libre et policée, vous chrétiens, vous hommes tout simplement, avez-vous pu répondre par des railleries au malheureux qui venait de vous procurer une jouissance et qui, de plus, implorait votre secours !

Il est vrai que, dans votre patrie, il y a des asiles pour les mendiants. Il n’y a pas de mendiants ; il ne doit pas y en avoir. Il