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le vestibule, nous rencontrâmes les laquais et le portier qui semblaient ressasser ensemble leurs griefs à mon endroit. On eût dit qu’ils me regardaient comme un fou. Quand le petit homme passa devant eux, j’ôtai mon chapeau, et, avec toute la grâce dont j’étais susceptible, je serrai sa pauvre main aux doigts ossifiés. Les laquais firent semblant de ne rien voir, sauf un seul qui laissa échapper un rire moqueur.

Quand le chanteur eut disparu, après m’avoir souhaité le bonsoir, je voulus chasser par le sommeil la sotte et enfantine indignation qui m’avait si soudainement envahi. Mais, je me sentais trop bouleversé pour m’endormir tout de suite ; je sortis, afin de me calmer à l’air de la nuit, et, l’avouerai-je ? avec l’espoir vague de trouver laquais, portier ou Anglais et de leur démontrer leur injustice.