Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pourquoi voudrais-je vous griser ? Je veux simplement vous faire plaisir.

Il me parut très affecté d’avoir si mal interprété mon intention. Il se leva tout confus et me pressa le coude.

— Non, dit-il d’un ton suppliant en me regardant de ses yeux humides, j’ai voulu seulement plaisanter.

Et il se perdit dans une longue phrase qui signifiait au fond que j’étais un bon garçon.

Je ne vous dis que ça ! conclut-il en français.

Nous continuâmes de la sorte à boire et à causer. Sans la moindre gêne, les domestiques continuaient à nous regarder et semblaient même se moquer de nous. Malgré l’intérêt que je prenais à la conversation, je ne pouvais m’empêcher de remarquer leur attitude et j’avoue qu’elle m’irritait de plus en plus. L’un d’eux se leva,