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reil vin. Je ne vous dis que ça… En Italie, le vin d’Asti est bon, mais celui-ci est encore meilleur… Ah ! l’Italie… Qu’on est bien là !

— Oui, là on sait apprécier la musique et les artistes, dis-je pour le ramener à son insuccès du Schweitzerhof.

— Non, répondit-il. Là, je ne procure de plaisir à personne. Les Italiens sont eux-mêmes des musiciens comme il n’y en a pas au monde. Je ne leur chante que des tyroliennes, ce qui est pour eux une nouveauté.

— Eh bien, et les riches ? sont-ils plus généreux là-bas qu’ici ? repris-je en m’efforçant de l’amener à partager ma colère contre les hôtes de Schweitzerhof. — En Italie, il ne se passerait pas ce qui s’est passé ici ce soir, dans ce grand hôtel où ne logent que des gens riches : cent personnes écoutant un artiste et ne lui donnant rien !…

Ma question produisit un tout autre effet