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accusé. Ce thème gracieux et léger, était sur un rythme de mazurka. Tantôt les voix semblaient se rapprocher, tantôt elles semblaient s’éloigner ; tantôt dominait une voix de ténor, tantôt une voix de basse ; puis, soudain, une tyrolienne éclatait en fusées ou se modulait en roucoulements.

Ce n’était pas une chanson, mais l’esquisse à la fois légère et magistrale d’une chanson. Je ne cherchais, d’ailleurs, pas à comprendre ce que c’était, j’étais charmé : les accords discrètement voluptueux de la guitare, cette vive et ravissante mélodie, la silhouette isolée du petit homme brun dans ce cadre magique du lac sombre, la lune aux rayons tamisés à travers le feuillage des grands arbres noirs, les deux flèches qui se dressaient audacieusement, tout cela était étrange, mais d’une inexprimable beauté : telle fut, du moins, mon impression. Un