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d’où partaient les sons qui m’avaient ravi et qui, pour cette raison, plus particulièrement, appelait mon attention, j’aperçus dans la pénombre, au milieu de la rue, une foule de gens rangés en demi-cercle, à quelque distance d’un petit homme vêtu de noir. Derrière la foule et le petit homme, les arbres noirs du jardin se découpaient sur le ciel bleu sillonné çà et là de nuages sombres ; près de là, les flèches sévères des tours de la vieille cathédrale s’élevaient majestueuses dans les airs.

Je m’approchai, les sons devenaient plus distincts. Des accords harmonieux et pleins ondulaient doucement dans la brise du soir, semblables à des voix qui se répondraient en s’interrompant, sans thème défini. Ou bien, c’étaient des notes éclatantes, une mélodie vague, indécise, bientôt suivie d’un chant au thème, cette fois, franchement