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infiniment doux et suaves, frappèrent mon oreille. Ils agissaient sur moi comme un rafraîchissement, comme si une lumière brillante et gaie soudain avait envahi mon âme ténébreuse : je me sentais tout autre. Mon attention engourdie, se réveillent, se porta sur les objets qui m’environnaient, et la beauté sévère du lac, qui m’avait laissé jusque-là indifférent, se révéla à moi comme par enchantement. Involontairement, je fus frappé par la douceur triste du ciel qu’éclairait la lune montant à l’horizon, par l’immobilité du lac sombre dans les eaux duquel se reflétaient les lumières de la rive, par la ligne fuyante des montagnes qui disparaissaient à demi dans la brume lointaine, par le croassement des grenouilles de Frœschenbourg, par le frais sifflement léger des cailles nichées sur l’autre berge.

Directement, en face de moi, à l’endroit