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sées. Son imagination surexcitée lui représentait, avec une netteté merveilleuse, les images les plus fantastiques, inextricablement enchevêtrées, de son passé et de son avenir.

Il voyait le profil enflé de Davidka le blanc, puis sa nourrice qui s’en allait, de village en village, recommandant aux moujiks de cacher leur argent aux pomestchiks. Et il répétait inconsciemment : « Oui, il faut cacher l’argent aux pomestchiks. » Il voyait ensuite sa blonde fiancée toute en larmes. Elle s’appuyait sur son épaule en poussant de profonds soupirs. C’était encore Tchouricenok qui regardait de ses yeux bleus si bons son fils unique au ventre énorme, cet enfant lui représentant non-seulement son fils, mais son aide, son sauveur. « Voilà de l’amour, » murmura Nekhlioudov. Il se rappela aussi la mère de Youkhvanka, et l’expression de