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de laquelle le jeune homme n’était plus un novice dans l’administration théorique et pratique de son bien.

Un beau dimanche de juin, Nekhlioudov, après avoir bu le café et lu un chapitre de la Maison rustique, mit un carnet et une liasse de billets de banque dans la poche de son paletot d’été et sortit de la grande maison de campagne à colonnades surmontées de terrasses, dont il n’occupait qu’une seule petite chambre au rez-de-chaussée. Il allait, par les sentiers herbus d’un vieux jardin anglais, dans la direction du village qui s’étendait des deux côtés de la grande route.

Nekhlioudov était grand, élancé ; il avait d’épais cheveux châtains, longs et frisés ; ses yeux brillaient, ses joues étaient fraîches et, autour de ses lèvres rouges, le premier duvet de la jeunesse apparaissait à peine. Sa démarche et son attitude portaient l’empreinte