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tu, mon petit père ? Mon cœur saigne à voir son chagrin. Tel qu’il est, il est toujours mon enfant ; c’est mon ventre qui l’a porté. Oh ! que je le plains ! On ne peut pas dire qu’il va contre ma volonté, celle de son père ou des autorités. Non. C’est un moujik craintif comme un enfant… Comment pourrait-il rester veuf ? Pense donc, notre nourricier, répétait-elle, désireuse d’effacer la mauvaise impression que la réprimande à son fils avait pu produire sur le barine.

— Moi, petit père, Votre Excellence, continua-t-elle à voix basse et d’un ton de confidence, j’ai cherché à comprendre pourquoi il est ainsi. Sûrement, de mauvaises gens l’ont ensorcelé.

Elle garda quelques instants le silence.

— Si on trouvait quelqu’un pour le guérir ?

— Quelles sottises me dis-tu là, Arina ? On ne peut pas ensorceler un homme.