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Ils se lient eux-mêmes soigneusement, de sorte qu’un seul homme peut faire d’eux tous tout ce qu’il voudra ; puis ils laissent balancer le bout de la corde qui les lie, laissant la liberté de s’en emparer au premier chenapan ou au premier sot venu pour faire d’eux ce que bon leur semble.

Est-ce donc autre chose que font les peuples en établissant et en soutenant le gouvernement revêtu du pouvoir militaire et en s’y soumettant ?


VII


Pour délivrer les hommes de ces épouvantables calamités des armements et des guerres dont ils souffrent maintenant, et qui augmentent et augmentent toujours, il ne faut ni congrès, ni conférences, ni traités, ni tribunaux, mais l’abolition de cet instrument de violence qu’on nomme gouvernement, d’où proviennent les plus grandes calamités qui affligent l’humanité.

Pour supprimer les gouvernements, il ne faut qu’une chose : il faut que les hommes comprennent que ce sentiment de patriotisme qui, seul, soutient cet instrument de violence, est un sentiment grossier, nuisible, honteux, mauvais, et — ce qui est le plus grave — immoral. C’est un sentiment grossier puisqu’il n’est propre qu’aux hommes placés au plus bas degré de la moralité, et qui attendent des autres peuples les mêmes violences qu’ils sont prêts eux-mêmes à leur infliger ; c’est un