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— N’aurons-nous point d’ennuis ?

— Mais c’est moi qui suis responsable. Je ne parlerai pas de vous.

« Quelle brave femme, pensa le policier. Une brave femme. Si la mienne était comme elle, ce serait autre chose que maintenant ; ce serait le paradis. »

L’officier de police se mit alors à rédiger le télégramme à l’empereur. Il était ainsi conçu :

À sa Majesté Impériale. La sujette de Votre Majesté Impériale, veuve de l’assesseur de collège Piotr Nikolaiepitch Sventitzky, tué par les paysans, tombe aux augustes pieds de Votre Majesté (ce passage du télégramme plaisait particulièrement à l’officier de police qui l’écrivait) et vous supplie de faire grâce aux condamnés à mort, les paysans tels, du gouvernement de… district de…

L’officier de police envoya lui-même le télégramme ; et dans l’âme de Nathalie Ivanovna revint la joie. Il lui semblait que si elle, la veuve de la victime, pardonnait et demandait grâce, le tzar ne pouvait ne point pardonner.


XI


Lise Éropkine continuait à vivre dans un état perpétuel d’enthousiasme. Plus elle avançait dans la voie de la vie chrétienne, qui se révélait à elle, plus elle acquérait la certitude que cette voie était la vraie et plus son âme était joyeuse.

Maintenant, deux buts lui tenaient à cœur : le premier, convertir Makhine, ou plutôt, comme elle