était condamné à la déportation. Tchouieff, condamné à la déportation, s’y trouvait aussi. Vassili, tout le temps, chantait de sa belle voix, ou racontait aux camarades ses aventures. Tchouieff, lui, ou bien faisait un travail quelconque, raccommodait des habits ou du linge, ou bien lisait l’évangile et les psaumes.
Stepan ayant demandé à Tchouieff pourquoi il était déporté, il lui expliqua qu’on le déportait à cause de la vraie loi du Christ, parce que les popes, ces trompeurs de l’esprit, ne peuvent tolérer les hommes qui vivent d’après l’évangile et qui les dénoncent. Stepan lui demanda alors en quoi consistait la loi, et Tchouieff lui expliqua que la loi de l’évangile consistait en ceci : à ne pas prier les dieux fabriqués de la main des hommes, mais à adorer Dieu en esprit et en vérité. Et il lui raconta comment il avait appris cette vraie religion du tailleur boiteux, à l’occasion du partage de la terre.
— Eh bien ! Qu’est-ce qu’il y aura pour les mauvaises actions ? demanda Stepan.
— Tout est dit dans l’évangile.
Et Tchouieff se mit à lire (Matthieu xxv, 31-46) :
« Or quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les saints anges, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire.
« Et toutes les nations seront assemblées devant lui ; et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs.
« Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
« Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez