boire, l’ivresse ne venait pas. Taciturne, il était assis devant la table et buvait un verre après l’autre.
Un officier de police vint à entrer dans le débit.
— Qui es-tu ? lui demanda-t-il.
— Je suis celui qui a tué tout le monde, hier, chez les Dobrotvoroff.
On le ligota, et après l’avoir gardé au poste, on le conduisit au chef-lieu. Le directeur de la prison, reconnaissant son ancien pensionnaire tapageur, devenu grand criminel, le reçut sévèrement.
— Prends garde de ne pas faire de tapage, chez moi ! râla le directeur de la prison en fronçant les sourcils et allongeant sa lèvre inférieure. Si je m’aperçois de la moindre des choses, je te ferai fouetter à mort ! D’ici tu ne t’enfuiras pas !
— Pourquoi fuir ? dit Stepan en baissant les yeux. Je me suis livré moi-même.
— Allons, pas de discussion. Quand le chef te parle il faut regarder droit dans les yeux ! s’écria le directeur, et il lui allongea un coup de poing dans la mâchoire.
À ce moment, devant Stepan, elle se dressa de nouveau et il entendit sa voix. Il n’écoutait pas ce que lui disait le directeur de la prison.
— Quoi ? fit-il se ressaisissant au contact du poing sur son visage.
— Eh bien ! Va ! Il n’y a pas à simuler.
Le directeur s’attendait à du tapage, à des coups montés avec d’autres prisonniers, à des tentatives d’évasion. Mais il n’était rien de tout cela. Quand le surveillant regardait par le judas de sa cellule, ou quand le directeur lui-même regardait, ils voyaient Stepan assis sur un sac rempli de paille, la tête appuyée sur sa main et marmottant quelque