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plus loin les diacres et les chantres ; des agents de police se tenaient près des portes latérales. Les sectaires, en pelisses courtes et sales, vinrent aussi. Après un Te Deum, Missaïl fit un sermon dans lequel il exhortait les dissidents à rentrer dans le sein de la mère Église, les menaçant de toutes les souffrances de l’enfer et promettant le pardon complet à ceux qui se repentiraient. Les sectaires se taisaient. Quand on se mit à les interroger, ils répondirent. Ils expliquèrent qu’ils s’étaient séparés principalement parce que dans l’Église on adore des dieux de bois, fabriqués avec les mains, alors que non seulement ce n’est pas dit dans l’Écriture, mais que dans les prophéties il y a le contraire. Quand Missaïl demanda à Tchouieff s’il était vrai qu’ils appellent les saintes icônes, des planches, Tchouieff répondit : « Mais retourne n’importe laquelle, tu verras toi-même. »

Quand on leur demanda pourquoi ils ne s’adressaient pas au pope, ils répondirent qu’il est dit dans l’Écriture : Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement, tandis que les popes ne donnent leurs services que contre argent. À toutes les tentatives de Missaïl de s’appuyer sur la sainte Écriture, le tailleur et Ivan objectèrent tranquillement, mais avec fermeté, en se basant sur l’Écriture qu’ils connaissaient très bien.

Missaïl se fâcha et menaça du pouvoir laïc. À cela les sectaires répondirent qu’il est dit : On m’a persécuté et on vous persécutera.

Les choses en restèrent là, et tout semblait devoir bien se passer. Mais le lendemain, pendant la messe, Missaïl parla dans son sermon de la malfaisance des dissidents, qu’il déclara dignes de tout châtiment, et le peuple, en sortant de