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— À la maison.

— C’est bien. Agent ! mène-le au poste.

— C’est comme vous voulez.

Et Prochka n’avoua pas où il était parce qu’il avait passé la nuit chez son amie Parasha, laquelle lui avait fait promettre de ne pas la trahir. Et il ne la trahit point. Il n’y avait pas de preuves, on le relâcha. Mais Piotr Nikolaievitch demeurait convaincu que tout cela était son œuvre. Et il ressentit de la haine pour lui.

Prochka, comme c’était son habitude, prit à l’auberge deux mesures d’avoine, donna aux chevaux une mesure et demie, puis vendit l’autre demi-mesure et dépensa l’argent à boire. Piotr Nikolaievitch ayant appris cela, déposa une plainte au juge de paix.

Le juge de paix condamna Prochka à trois mois de prison. Prochka était orgueilleux. Il se croyait supérieur aux autres, et était fier de sa personne. La prison l’humilia. Il ne pouvait plus s’enorgueillir devant les gens, et, d’un coup, se laissa aller. Au sortir de la prison, Prochka retourna chez lui moins irrité contre Piotr Nikolaievitch que contre tout le monde.

Prochka, après la prison, au dire de tous, se laissa aller et devint paresseux, se mit à boire ; enfin, peu après, il fut pris volant des habits, chez une femme. Et de nouveau, il fut jeté en prison. Pour ce qui était de ses chevaux, Piotr Nikolaievitch apprit seulement qu’on avait retrouvé la peau du hongre, et cette impunité des coupables l’agaçait de plus en plus. Maintenant il ne pouvait plus voir sans colère les paysans, ni même parler d’eux ; et chaque fois qu’il le pouvait, il ne manquait pas de leur nuire.