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d’agir par la sensualité par laquelle elle domine, de telle sorte qu’il en résulte que l’homme choisit « formellement », tandis qu’en réalité c’est la femme qui choisit. Dès qu’elle est en possession de ses moyens, elle en abuse et acquiert une suprématie terrible.

— Mais où voyez-vous cette puissance exceptionnelle ?

— Où ? Mais partout, dans tout. Allez voir les magasins dans une grande ville. Il y a là des millions, des millions. Il est impossible d’estimer l’énorme quantité de travail qui s’y dépense. Dans les neuf dixièmes de ces magasins y a-t-il quoi que ce soit pour l’usage des hommes ? Tout le luxe de la vie est demandé et soutenu par la femme. Comptez les fabriques, la plus grande partie travaillent à des ornements féminins ; des millions d’hommes, des générations d’esclaves meurent dans des travaux de forçats uniquement pour les caprices de nos compagnes.

Les femmes, telles des reines, gardent comme prisonniers de guerre et de travaux