Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Il s’échauffait tellement que tous se taisaient en le regardant, étonnés.

— Et cependant la situation transitoire est terrible. Les gens sentent qu’on ne peut pas admettre le péché au hasard. Il faut, d’une façon quelconque, régulariser les relations sexuelles, mais il n’existe pas d’autre base que l’ancienne, à laquelle plus personne ne croit. Les gens se marient à la mode antique sans croire en ce qu’ils font, il en résulte du mensonge, de la violence. Quand c’est du mensonge seul, cela se supporte aisément ; le mari et la femme trompent seulement le monde en se donnant comme monogames ; si en réalité ils sont polygame et polyandre, c’est mauvais, mais acceptable. Mais lorsque, comme il arrive souvent, le mari et la femme ont pris l’obligation de vivre ensemble toute leur vie (ils ne savent pas eux-mêmes pourquoi), et que dès le second mois ils ont déjà le désir de se séparer, mais vivent quand même ensemble, alors arrive cette existence infernale où l’on se saoule, où l’on se tire des coups de revol-