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s’est mise à lui voler son argent. Lui, il la battait, mais quoi, elle devenait de pire en pire. Avec un non baptisé, avec un païen, avec un juif (sauf votre permission), elle se mit à faire des mamours. Que pouvait faire le patron ? Il l’a lâchée tout à fait, et il vit maintenant en célibataire. Quant à elle, elle traîne.

— C’est que c’est un imbécile, dit le vieux. Si, dès le premier jour, il ne l’avait laissée marcher à sa guise et l’avait bien tenue dans sa main, elle vivrait honnête, pas de danger ! Il faut ôter la liberté depuis le commencement : Ne te fie pas à ton cheval sur la grand route. Ne te fie pas à ta femme chez toi.

À cet instant le conducteur passa, demandant les billets pour la prochaine station. Le vieux lui rendit le sien.

— Oui, il faut à temps dompter le sexe féminin, sinon tout périra.

— Et vous-même, à Kounavino, n’avez-vous pas fait la noce avec des belles ? demanda l’avocat en souriant.