ordre ; puis un monsieur se tenant à l’écart, de petite taille, très nerveux, entre les deux âges, aux yeux brillants, de couleur indécise, extrêmement attrayants, des yeux qui sautaient avec rapidité d’un objet à un autre. Ce monsieur, durant presque tout le trajet, ne lia conversation avec aucun voyageur, comme s’il fuyait soigneusement toute connaissance. Quand on lui adressait la parole, il répondait brièvement, d’une façon tranchante, et se mettait à regarder obstinément par la vitre du wagon.
Pourtant il me parut que la solitude lui pesait. Il semblait s’apercevoir que je le comprenais, et quand nos yeux se rencontraient, ce qui arrivait fréquemment, puisque nous étions assis presque vis-à-vis l’un de l’autre, il détournait la tête et évitait d’entrer en conversation avec moi comme avec les autres. À la tombée du soir, pendant l’arrêt dans une grande gare, le monsieur aux jolis bagages — un avocat comme j’appris depuis — descendit avec sa compagne pour boire du thé au buffet. Pendant